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Association des Familles
du Quart Monde

Une expérience de l'aide sociale en Suisse

L’équipe de l’Association des Familles du Quart Monde (AFQM) a rencontré Pierre* en 2022, lors des accueils café au foyer des Fontaines à Vallorbe. Après quelque temps, des rencontres chez lui, des sorties et des visites à Renens, nous avons tissé un bon lien. Il nous a raconté son parcours et présenté ses pistes pour améliorer la situation des gens en Suisse.

Je suis revenu en Suisse en janvier 2022 à cause de problèmes de santé et de mon divorce. Je suis revenu sans rien. Mon fils m’a prêté sa caravane pour que j’y vive. Je suis atteint de Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). La maladie affecte mes bronches, ce qui fait que mes poumons sont en mauvais état, ce qui fait que j’ai de la peine à respirer. En janvier, à plus de 700 mètres d’altitude, dans une caravane, il fait froid et humide, ce qui a aggravé mon état. À mon retour, je pensais repartir après quelques mois. Seulement, j’ai vite réalisé qu’obtenir des soins ne serait pas si facile.

Et là, au moment où j’en ai vraiment besoin, on me refuse des soins pour des raisons administratives

J’ai toujours payé mon assurance maladie en Suisse. Et là, au moment où j’en ai vraiment besoin, on me refuse des soins pour des raisons administratives. En gros, pour obtenir des soins, il me fallait une attestation de domicile. Mais, comme je vivais dans une caravane, la commune ne voulait pas m’en délivrer une. Comme j’étais dans un état de santé déplorable, je n’étais pas capable d’entreprendre des recherches d’appartements. Donc mon état de santé a continué à se dégrader. J’ai dû être hospitalisé. Pour me soigner, il aurait fallu que je subisse une opération. Mais le CHUV refusait toujours de m’opérer à cause de cette attestation de domicile.

À peine stabilisé, j’essaye de trouver de l’aide, je me rends dans une structure sociale. Elle me renvoie vers une autre structure parapublique qui est un service compétent en matière de logement. Je me retrouve face à l’employée qui me demande les mêmes papiers qu’une gérance. Les mêmes papiers que je n’arrive pas à réunir pour faire les démarches moi-même. Les mêmes papiers qui font que je vis dans une caravane. Les mêmes papiers qui m’empêchent d’avoir accès aux soins. J’ai eu le sentiment qu’on se moquait de moi. J’ai pété les plombs. J’ai abandonné les démarches avec ce service.

On m’a fait attendre de février à juin pour être soigné

C’est à ce moment que j’ai eu le numéro d’un homme qui dirige une structure sociale dans le village. Il est parvenu à m’obtenir un appartement protégé. La situation médicale urgente s’est débloquée. J’étais dans un état critique, ma vie était en danger et c’est à cause de papiers qu’on m’a fait attendre de février à juin pour être soigné. Pourtant les diagnostics médicaux étaient très clairs, ma vie était en danger. Même dans cet état, il faut fournir des preuves pour être soigné. Je n’étais pas au bout de mes peines.

Après l’opération, je suis dans mon appartement vide. Je reçois de l’argent avec lequel je paye mon loyer et mon assurance maladie. Après ces dépenses, il ne me reste plus rien pour me nourrir. Conséquence, en décembre, je finis aux urgences pour cause de dénutrition. Ce n’est que là que l’Office Vaudoise de l’Assurance Maladie (OVAM) et les Prestations Complémentaires (PC) sont intervenus. Avant cela, je m’étais rendu au Centre Social Régional (CSR) à Yverdon. On m’avait dit que je n’avais pas le droit à ces aides.

A chaque fois, c'est nous qui subissons

Heureusement qu’il existe des services en dehors de l’État qui prennent le temps, qui ne sont pas soumis à des objectifs de rentabilité. Mais même là, c'est compliqué. La femme qui me suivait a quitté le service. J’ai été repris par une autre employée. Celle-ci a fait un burn-out. Et donc il n’y a plus eu de suivi. Ce genre de situations sont désespérantes. Déjà qu’à la base le système est complexe, il faut ajouter à cela les erreurs d’interprétations commises par les services, les départs voulus qui nous forcent à tout expliquer à nouveau, les départs subits qui déstabilisent le système. Finalement, à chaque fois, c’est nous qui subissons. Et ça continue.

Ce qui est paradoxal c’est qu’on se fait casser par le système qui devrait nous aider. Donc on coûte encore plus à la société.

Pour me soigner, il fallait que je pratique du sport. Seulement les PC ne payent pas pour le fitness qui est à côté de chez moi. C’est donc la ligue pulmonaire qui a payé mon abonnement. Pour pratiquer du sport correctement, il faut manger correctement. Je suis allé chez mon médecin pour discuter avec lui de ma pratique. Il m’a soutenu dans ma démarche et a envoyé une lettre aux PC pour expliquer que j’avais besoin d’aliments particuliers pour aller mieux. Les PC ont d’abord refusé. Il a fallu que j’insiste, que j’appelle, que je me déplace, que mon médecin les appelle, après 6 mois de négociations, les PC ont cédé. Ce qui est paradoxal c’est qu’on se fait casser par le système qui devrait nous aider. Donc on coûte encore plus à la société.

Mon expérience m’a permis de réaliser certains problèmes dans le système et des moyens de le changer pour le rendre plus humain et plus efficace pour éviter de détruire les gens qui se bougent pour avoir accès à leurs droits :

  1. Augmenter le montant des aides. Ce que la société considère comme un minimum social permet juste de survivre. Dans ces conditions, moi, mais ça concerne beaucoup de gens en Suisse, nous ne pouvons pas nous remettre des événements qui nous ont obligés à demander de l’aide. L’argent, ça ne fait pas le bonheur, mais ça soulage.
  2. Automatiser les aides sociales. L’État a un appareil administratif composé de personnes professionnelles donc compétentes qui ont accès à nos déclarations fiscales dans lesquelles figurent nos revenus, le montant de notre loyer, notre fortune, etc. Bref, l’État a toutes les informations nécessaires pour nous octroyer automatiquement la plupart des aides. Cela éviterait le non-recours par manque d’information et par honte.
  3. Passer d’aides rétroactives à des aides proactives. Lorsque l’on demande de l’aide il faut toujours attendre pour recevoir alors que c’est sur le moment que l’on a besoin. Ça augmente le stress, aggrave notre état. Parfois ça nous force à faire des choix que l’on regrette ensuite comme de réduire son alimentation, d’arrêter de payer son assurance maladie ou son loyer ce qui entraîne des conséquences sur notre santé physique, mentale et financière parce que tout est lié
  4. Mettre en place un suivi personnalisé. Que ce soit la même personne qui nous suive jusqu’à ce que l’on ait obtenu l’ensemble des aides auxquelles on a droit. Alors que je suis dans une situation émotionnellement difficile, me demander de l’étaler chaque semaine devant une nouvelle personne revient à remuer le couteau dans la plaie
  5. Avoir une liste de tous les services sociaux. Il existe énormément de services qui soutiennent les gens dans ma situation. Seulement, il faut maîtriser internet, avoir de l’argent pour appeler ou avoir de l’argent pour se déplacer et surtout avoir l’énergie de chercher, suffisamment confiance en soi pour demander et raconter son vécu encore et encore. Avoir une liste accessible et complète de tous les services sociaux avec leur domaine de compétence permettrait au moins de limiter l’effort de recherche.

* Prénom d'emprunt

Nous avons délibérément remplacé le nom des organismes par "structure"

Propos recueillis par Charles Vuilleumier

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